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Petits pans de Proust

𝙋𝙚𝙩𝙞𝙩𝙨 𝙥𝙖𝙣𝙨 𝙙𝙚 𝙋𝙧𝙤𝙪𝙨𝙩 D’après un détail de Vermeer, de Daniel Kay, aux Éditions Des Instants, jeune maison d’édition indépendante. 128 pages. En librairie le 08 Novembre 2022.

« Intérieur d’un musée, le Mauritshuis à La Haye. Sur le mur un tableau de grandes dimensions au format inhabituel pour un paysage. La toile représente la quiétude d’une ville apaisée après l’orage. La part réservée au ciel est étonnante. On peut y distinguer quelques personnages sur la berge rose d’un canal. Il s’agit de la 𝐕𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐞𝐥𝐟𝐭 peinte par Vermeer entre 1659 et 1660 et conservée à la Haye depuis 1822. » Incipit…

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Essai littéraire inspirant dédié à l’émotion poétique obsessionnelle dans laquelle nous plonge une œuvre musicale superbe, une peinture sublime, la littérature. Il cajole nos « petites madeleines trempées dans le thé », nos précieuses extases. On dit que tout est plus concentré dans les petites choses, dans les petits livres aussi, je le crois. Sanctuaire de nos émotions plus ou moins brutales et secrètes, pour le plus grand plaisir de notre âme recluse et silencieuse, ce petit papillon habillé de velours jaune, très réceptif au sublime. Bien sûr, si nous pouvons partager ce vécu intense, c’est une chance. Le petit pan de mur jaune dans le tableau intitulé « Vue de Delft », de Vermeer (« le sphinx de Delft »), questionne et fascine deux amis, Johannes et Andrea. Tous deux se retrouvent devant le fameux tableau au musée le Mauritshuis, à La Haye aux Pays-Bas. Ils partagent leur émoi. Un petit pan de mur mémorable que l’on retrouve dans l’œuvre de Marcel Proust avec son romancier appelé Bergotte. Proust que je n’ai jamais lu, inaccessible dans mon imaginaire.
« Faites-moi encore goûter à votre belle rigueur. »
Quel détail d’une œuvre d’art va retenir mon attention et me procurer un instant de grâce ? La vie est une œuvre d’art, une éternité. Je pense à mes petits pans découpés dans un paysage de montagne dans lequel je me brume ; dans le liebestod de Richard Wagner, dans le tremblement d’une toile d’araignée photographiée. Aux tremblements de mon âme squelettique.
Ce livre regorge de détails intenses et lumineux, de réflexions sur la création, d’analyses. Il instruit, révèle ce qui est caché. Il demeure mystérieux une fois refermé. Ne vous attendez pas à des notes en bas de pages en cas de besoin. J’ai pris mon temps pour l’apprécier. Ce matin, j’ai soudainement pensé au Christ jaune de Paul Gauguin, image de la souffrance sublimée, et j’avais envie d’écouter la mort d’Isolde de Richard Wagner.
Avez-vous déjà ressenti un malaise devant une oeuvre d’art? Comme si vous tombiez amoureux…
Une découverte bénéfique. Je remercie Stéphane des Éditions des Instants.
En librairie le 08 Novembre 2022.

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