Impossibles adieux de Han Kang
« Un corps à genoux. Un corps qui supplie. »
336 pages. Pal Librairie. Traduit du Coréen par Kyungran et Pierre Bisiou.
Tragique. Mélange de réalisme, et de poésie. De violence et de délicatesse.
« Je suis venue ici pour mourir. Je suis venue pour être poignardée, transpercée, étranglée et brûlée. »
Me rappelle Yukio Mishima dans sa mise en scène du martyr Saint-Sébastien. Sublime.
⛰️ Chaque livre de Han Kang témoigne d’une conscience aiguë de la fragilité des êtres vivants, des mécanismes de la haine au pouvoir, de la cruauté humaine. Han était agée de neuf ans lors du soulèvement démocratique de 1980, à Gwangju, sa ville natale. Son roman intitulé « Celui qui revient » rend hommage aux victimes et à leurs proches. L’âme est décrite tel un oisillon prêt à s’envoler au moment de la mort. Elle souffre en cas de mort brutale et injuste. « Impossibles adieux » lui fait étrangement écho jusqu’à la fin absolument magnifique. En toile de fond, le soulèvement de Jeju en 1948, en Corée.
⛰️ Tombe la neige dès les premières pages s’ouvrant sur un paysage cimetière issu des rêves de Gyeongha. Un matin de Décembre, elle reçoit un message d’Inseon, son amie documentariste soignée à l’hôpital suite à une grave blessure. La mission de Gyeongha : Se rendre chez Inseon afin de prendre soin de son perroquet. Sur l’île de Jeju enneigée. Glaciale. Profondément imprégné de bouddhisme, le silence s’impose tandis que s’ouvrent les ténèbres et le vide au souvenir des événements tragiques sur l’île. Nous les découvrons surtout en dernière partie.
⛰️ La vulnérabilité de Gyeongha est Poésie, Étrangeté, Mélancolie. Elle trouble le temps et l’espace, ce qui déstabilise la narration de Gyeongha. Son âme supplie d’être soulagée, sa douleur transcendée.
Rêveuse, ensomeillée, évanouie, affamée, enneigée. À genoux.
Les corps martyrisés s’expriment : Arbres tordus, courbés dans le silence et le recueillement. Ils ploient sous la neige avec lenteur. Comment dire adieu aux idées de blessures, de soumission, de souffrance et de mort ? Inspirant.
Magnifiques et douloureux tableaux jusqu’à la fin libératrice. Magnifique Han Kang dont j’ai lu tous les romans. 🖤🤍💙
crayon de couleuvre
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