Porc braisé d’An Yu
Traduit de l’anglais (Chine) par Carine Chichereau, aux Éditions Delcourt.
« Le foulard orange de Jia Jia glissa sur son épaule et tomba dans la baignoire. En sombrant, il prit une nuance plus foncée, et vint se poser sur la tête de Chen Hang, tel un poisson rouge. Quelques minutes plus tôt, elle avait fait irruption dans la salle de bains, un foulard différent sur chaque épaule, pour savoir lequel son mari préférait, mais elle l’avait trouvé écroulé dans la baignoire à demi remplie, la tête en avant, le postérieur sortant de l’eau. » Incipit.
Un premier roman repéré sur le site de la librairie Le Phénix. J’en ressors avec beaucoup d’interrogations.
Beijing. Jia Jia découvre son mari décédé curieusement dans leur salle de bain. Il laisse un étrange dessin représentant un mystérieux homme-poisson.
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Désirs féminins mis sous cloche, émotions profondément enfouies pour cette femme autrefois mariée à Cheng Hang. Artiste peintre de talent, elle n’a jamais vécu de son art, obéissant à son époux.
Pour Jia Jia, c’est le début d’une libération, à l’écoute de ses désirs, laissant libre cours à son imagination, elle se confie à Leo, barman. Pourtant le mystère de l’homme-poisson demeure. Quel est le lien avec son défunt mari ? Elle ira jusqu’au Tibet en quête de vérité.
Texte étrange d’une mélancolie infinie et quête personnelle. Jia Jia est un personnage lumineux et sombre. Solitaire, elle rencontre d’autres solitudes, de Beijing à Lhassa : Le mystère de l’homme-poisson relie les êtres du roman d’une manière ou d’une autre, parfume les pages de notes florales dangereuses, de coincidences inquiétantes.
Faut-il se laisser porter par ce texte en écoutant Jeux d’eau de Ravel au piano ? 🙂
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L’eau, élément guérisseur du passé, fil conducteur pour personnages blessés. Le passé de Jia Jia, de ses parents, de « Grand-père », de Ren Qi…
L’homme-poisson : Un dieu au service de l’âme ? J’ai envie de le penser.
Un premier roman à la plume délicate, aux influences bouddhistes quotidiennes, une invitation au lâcher prise, dont j’ai aimé la part psychologique, spirituelle et artistique (scène du bouddha mural), le lien maternel, la sensibilité. Peut-être trop ésotérique par moments, une bonne lecture aux énergies douces pour apaiser le tigre, mais frisson timide !
crayon de couleuvre
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