J'ai lu,  PAL/Librairie,  Premier roman

Rien d’autre sur terre de Conor O’Callaghan

Un premier roman atmosphérique angoissant prenant place dans une Irlande sans âge et abandonnée, comme irréelle, aux décors de « maison fantôme », maison témoin d’un lotissement en construction. Helen et Paul, Martina et la gamine habitent le bâtiment, curieux personnages dans un environnement de plus en plus menaçant, alternant apparitions et disparitions, questionnements et comportements étranges, en famille et avec des entités alentours. L’isolement nourrit l’imaginaire, capture le lecteur d’entrée avec une scène saisissante et inhabituelle pour son narrateur, un prêtre tourmenté. Une jeune fille d’une douzaine d’années frappe à sa porte, amaigrie et terrifiée !
« Mon papa a disparu lui aussi…. Il est là derrière toi et la fois d’après il avait disparu. » Troublantes sont les relations entre des personnages flous, égratignés, flottants ou sans visage, inaudibles. Qu’ont-ils à se reprocher ? Je reste sans réponse précise à la fin de ma lecture comme si je me réveillais d’un cauchemar au matin.
L’ ambiance est vraiment le point fort de ce roman. On ne sait jamais qui se joue de nous dans cette histoire ! Et surtout, surtout, on identifie jamais la menace, partout et nulle part, « Ce qui est étrange. » « Que voulait-il dire ? Voulait-il dire que la plus grande de toutes les peurs, c’était qu’il n’y ait rien, et qu’à plusieures reprises il n’y ait rien ? » La peur. Rien d’autre sur terre que cette peur de te voir disparaître soudainement un jour comme si de rien n’était et de devoir continuer à vivre dans un monde de plus en plus incompréhensible et hostile.
« Ce qui est vraiment étrange. »
La peur des tremblements de la vie, des « hurlements stridents » à identifier, des bruits du quotidien puis plus rien. La peur de vivre en marge, sans pouvoir habiter le monde. J’aurais peut-être aimé pouvoir nommer les choses par a+b=c en refermant le livre. Mais j’ai été confrontée à une réalité imperceptible, flottante, dont il est bien difficile de sortir et vous plonge dans une sorte de torpeur pas désagréable du tout. J’ai adoré cette sensation d’ici ou d’ailleurs, entre cauchemard et réalité, vie et mort, vivants et fantômes.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Bienvenue sur mon site. Mes lectures: Emprûnts de bibliothèque, achats en librairies indépendantes, brocantes... Partages hebdomadaires Retrouvez-moi aussi sur instagram crayondecouleuvre@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *