La terre qui erre de Kim Soom
La terre qui erre de Kim Soom chez Les Éditions Decrescenzo. 264 pages. Traduit par CHOE Ae-young et Anna BELLEMIN-NOËL.
Tristesse infinie de l’âme qui suspend son vol, suspend son chant.
Objet de terreur littéraire instructif pour lecteur désireux de connaître en profondeur l’histoire du peuple Coréen maltraité sur plusieurs générations. ⭐⭐⭐⭐
« Quand les hommes se divisent, la terre aussi se divise »
Un choral éprouvant, témoin d’une tragédie, celle de la déportation des Coréens de l’Extrême-Orient russe sous Staline. Plusieurs personnages sont enfermés dans un wagon à bestiaux noir puant l’urine et la saleté, dont une femme enceinte, une mère avec son bébé, un vieil homme. La rumeur selon laquelle ils seront fusillés une fois arrivés à destination circule. J’ai été d’entrée immergée dans l’horreur de ce train. À l’écoute, ces gens ont été abandonnés, ont du abandonner leur terre, leurs animaux. Ils sont les témoins survivants d’une vie d’errance à la recherche d’un bout de terre à cultiver, souvent arrachés à leur terre natale, exilés sur la grande terre de Russie à la recherche d’un travail au péril de leur vie. Chassées de leur terre d’accueil, des familles entières sont détruites.
Leurs témoignages imposent le recueillement tandis que le froid, la faim, la soif et la maladie menacent. Tant d’épreuves pour une seule vie parfois très courte. Est-il possible de vivre en paix sur cette terre de douleur ? Pauvres âmes. Pas mal de vérités et de prises de conscience jaillissent mine de rien. S’ajoutent des détails humbles, des mots Coréens du quotidien, glossaire à la rescousse en fin de roman. Ces gens nous appellent à la simplicité de l’existence, à l’essentiel. Terre d’esclaves. Infinie, elle divise. Ça veut dire quoi devenir un véritable être humain ? Ce qui rassemble ici, la déportation, ne devrait jamais, ô grand jamais, se reproduire. Un récit historique à lire si vous vous intéressez à la folie humaine, au peuple Coréen, au rétablissement de la vérité de la part des victimes, des humiliés, des maltraités. J’en ressors tristoune et admirative de leur courage à toute épreuve. Un récit poignant que je ne suis pas prête d’oublier.
« Est-ce qu’on possédait vraiment de la terre ? »
crayon de couleuvre
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