Cochon sur gazon de KIM Tae-yong
« Qui m’a planté cette lame dans le dos ? Juste à l’endroit que ma main ne peut pas atteindre, quelqu’un a planté quelque chose comme un couteau. Ça s’est passé en un clin d’œil : j’étais en train de traverser le pont sur la rivière et je tenais un parapluie à la main. Si j’étais là avec un parapluie à la main, ce n’est pas parce qu’il pleuvait, car ça fait des années qu’il ne pleut plus… » Incipit de Sous un soleil noir, premier récit.
𝕃𝕖𝕤 𝕞𝕠𝕥𝕤, 𝕦𝕟 𝕔𝕙𝕠𝕔 ?
« C’était comme une sorte de magma absurde qui refroidissait… On aurait dit que les mots qui ne se manifestaient plus à l’extérieur fondaient à l’intérieur de moi sous l’effet d’une forte fièvre au point de devenir du feu. Un feu qui finissait par s’éteindre tout seul, mais ça prenait du temps. »🔥
J’ai lu ℂ𝕠𝕔𝕙𝕠𝕟 𝕤𝕦𝕣 𝕘𝕒𝕫𝕠𝕟 𝕕𝕖 𝕂𝕀𝕄 𝕋𝕒𝕖-𝕪𝕠𝕟𝕘, dix microfictions Sud-Coréennes traduites par CHOE Ae-yong et Jean BELLEMIN-NOËL, aux Éditions Decrescenzo. J’ai pris mon temps pour apprivoiser ce recueil. L’auteur est enseignant d’écriture créative à l’université. Ses récits font la part belle aux thématiques passionnantes que sont le langage, notre rapport au monde, la mort, la parole, le pouvoir des mots, l’aphasie, la mémoire, la communication avec le monde extérieur, la perversion, la transformation, le suicide, le sentiment de vide, l’alcoolisme, les livres..
Une lecture hypnotique où règnent les fantasmes, les absurdités, les sources inépuisables de créativité et de folie à assumer en mode automatique dans un monde difficile à appréhender. Il en ressort un recueil de nouvelles insolite et intéressant, dont il faut prendre le temps d’apprécier les narrateurs torturés aux rituels étranges, déshinibés, centrés sur eux-mêmes avec force, douleur et détail, les situations inattendues, drôles et provocantes, les dialogues sans queue ni tête, les invraissemblances. Je serais curieuse de lire une interview de l’auteur.🙂
Plutôt l’amour est la nouvelle que je préfère.
« A l’époque, ma tête était complètement remplie de mots falsifiés qui dépassaient à un degré faramineux ma capacité de penser. Je souffrais de l’envie de proférer des mots que je n’avais pas pu apprendre par expérience. Des mots qui n’avaient jamais été proférés par moi s’agitaient violemment en moi avant de se métamorphoser en un magma monstrueux qui n’avaient plus aucun sens… »
Service presse pour Les Éditions Decrescenzo. Merci Lisa. 🌿
crayon de couleuvre
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