Sa vie dans les yeux d’une poupée d’Ingrid Desjours
Un thriller psychologique en cinq parties absolument tordu, Sa vie dans les yeux d’une poupée !
« La folie, c’est la mort avec des veines chaudes. » Épigraphe du chapitre V.
Premiers mots:
« Barbara est aussi grise que la neige souillée par les voitures.
Recroquevillée sur elle-même comme si elle souhaitait disparaître, la jeune femme ne comprend pas pourquoi les autres cherchent à la retenir. Ce ne sont pas ses amies. Elles se fichent bien de savoir qui elle est, et encore plus pourquoi elle ne peut pas rester. Mais elles insistent Par politesse, sûrement Par pitié, peut-être. Pour rire encore un peu à ses dépens… »
Mon avis: Une couleuvre avertie en vaut deux.
Un grand format aux Editions Plon commandé à la bibliothèque. Je ne m’attendais pas à être autant malmené(e) dans ce thriller psychologique d’Ingrid Desjours. Une prouesse.
Un récit pas toujours facile à appréhender. Au début, deux histoires s’organisent en alternance avec Barbara Bilessi, jeune esthéticienne de 24 ans fraîchement diplomée d’un côté, et Marc Percolès, « monopatte » provocateur de retour au travail de l’autre. L’intrigue est rondement bien menée et ces deux personnages ont été créés pour se rencontrer. C’est très noir.
J’ai souffert entre une mère et sa fille, l’espoir qui enfle et vomit, sans voix à certains passages, prisonnière consentante de leur relation. A travers ce récit, tout était douleur, puis silence et solitude brutes, sans laisser le temps de réparer, de panser ses blessures. Ingrid Desjours ne fait pas dans la dentelle avec ses personnages. Quelle tristesse leur réalité physique et psychologique ! Un roman qui réveille nos émotions les plus violentes, les plus enfouies peut-être, nos traumatismes quand il ne reste plus qu’à « hurler de toute sa rage, une rage plus grosse que soi, à s’en briser la voix, à s’arracher la gorge et à vomir ses tripes, à se péter tous les vaisseaux dans un AVC qui vous laisserait sur le carreau, peut-être, mais en paix, enfin… » Sa vie dans les yeux d’une poupée ? Un récit difficile et l’urgence de se consoler, d’aérer la pièce parce que ça transpire la mort dans les pages. Mais quand on réalise que la lecture est finalement achevée, on se dit qu’on a réussi à lire le roman jusqu’au bout, à supporter cette putain de folie ! J’ai aimé aller loin dans mon ressenti. Ingrid Desjours permet cela mais attention, ce roman n’est à aucun moment une consolation. Elle ouvre des portes sans mettre de gant. A ne pas mettre entre toutes les mains. Un bon verre de vin bien mérité avec ma poupée ! Santé !
« L’espoir. C’est terrible, l’espoir. On s’y accroche de toutes ses forces parce que, au final, c’est tout ce qu’on a et que, sans ce sentiment pourtant si fragile qu’un simple silence peut le briser, on n’est rien, on est mort. »
crayon de couleuvre
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