Marconi en personne de Gilles Moraton
« Les sonneries répétitives et lancinantes des ascenseurs me laissaient indifférent. Comme le monde, autour. La police est venue la chercher. Ils m’ont emmené aussi mais libéré dès le lendemain. Dans la nuit j’ai entendu des cris monter des Sous-sols. Je préfère ne pas penser à ce qui se passe la nuit dans ce commissariat… » #incipit
« La normalité des gens normaux est écrasante. »
Un roman singulier faussement naïf dont le narrateur décalé et pessimiste chevronné a plus d’un mot chuchoté dans son sac pour penser le monde qui l’entoure, un monde privé de libertés, rappelant les périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité ! Surveillance absolue ici pas assez performante pour deviner les pensées de Béla. Paranoïa ? Lucidité ? A chacun de se faire son idée mais vous ne resterez pas insensible à ses réflexions, à son art du détachement, aux dialogues savoureux avec Jack le policier, avec un inspecteur, avec Roxane malheureusement emprisonnée : Déviante? Des personnages « ivres de transgression » à découvrir. Résister par l’humour, fantasmer sur un certain Marconi. Qui est-il ? Pourquoi cette interdiction de parler de lui ? Folie, manipulation?
« Il doit être dans la nature humaine ce masochisme existentiel, ce tirage de balle dans le pied. »
Un texte hémorragique, sachant que le rire est interdit ici, ne sachant que faire du trop de réalité. Certains la noient dans l’alcool, d’autres dans le sexe libéré. Qu’en pense Roxane ? Pourquoi est-elle emprisonnée !?
Pour interroger nos valeurs, la normalité, les diktats d’une société dominante, un texte lourd de sens et de réflexions, une mise en garde dédiée aux inutiles, déviants, clandestins et résistants. Pour prendre du recul, contempler le monde ?
Un constat froid. Un récit inquiétant, nuancé, ponctué d’interdits, de rêves de valses étouffées, laissant entrevoir l’issue tragique dans un monde broyeur de vies, et le rôle troublant de Marconi. Quelle issue pour tous les bélas du monde, les Roxanes…? Le lecteur en ressortira indigné, bien impuissant.
« ░L░’░i░g░n░o░r░a░n░c░e░ ░e░s░t░ ░u░n░e░ ░s░a░g░e░s░s░e░.░ »
Glaçant, intéressant, à l’encontre des discours dominants et moralisateurs. Une très bonne lecture de l’absurdie, une fiction agréable à lire, décalée et réaliste. Merci, Anne. 🙂
Le 08 Avril en librairie.
crayon de couleuvre
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