L’enfant loup de Jean-Frédéric Vernier
« J’aime Claire d’un amour indescriptible.
Et Rachel ?
Depuis la naissance de Claire, notre fille, je l’aime essentiellement pour sa qualité de mère.
Je donnerais ma vie pour elles.
Jamais je ne crie, jamais je ne m’agace auprès de mes deux merveilles. Je les entoure d’une tendresse inquiète et silencieuse. Je ne peux faire mieux. C’est en vérité beaucoup. Surtout pour moi.
Je me demande comment leur cacher la vérité. »
J’ai lu 𝕃’𝕖𝕟𝕗𝕒𝕟𝕥 𝕝𝕠𝕦𝕡 𝕕𝕖 𝕁𝕖𝕒𝕟-𝔽𝕣é𝕕é𝕣𝕚𝕔 𝕍𝕖𝕣𝕟𝕚𝕖𝕣, un premier roman aux allures de conte Contemporain paru chez Les ateliers Henry Dougier que je remercie pour leur confiance.
« Dailleurs, je crevais de peur. »
« Ma tête menaçait d’imploser. Le monde était comme une falaise au-dessus de l’océan, qui ne s’effritait plus mais se brisait en vastes blocs, source infinie de bouillonnements. »
Le narrateur, Adrien, en 2006 puis quarante ans plus tôt en1966 raconte, lorsqu’avec sa mère, il quittait Lille pour s’installer dans le Bourbonnais. Leur isolement dans une nature inquiétante en plein Hiver développe l’imagination du petit garçon et lui rappelle son père absent. Dans ces paysages givrés, Adrien devient enfant sauvage tandis qu’il s’éloigne de sa mère dont les mots semblent « sans chair, et ne plus avoir de sens pour elle. »
Sentir battre son coeur déjà bien lourd de questionnements, de sentiments et désirs contradictoires et d’une peur terrible, ça fait beaucoup pour ce petit bonhomme.
Sauver sa mère au bord de la folie : Est-ce vraiment le rôle d’Adrien ?
J’ai adoré la narration sous forme de conte Hivernal, son bois des morts vivants, sa sorcière ; un monde imaginaire dangereux tellement attirant et riche de sens, à la rencontre d’un loup blanc. Devenir enfant loup pour guérir de son enfance et retrouver sa liberté car, en réalité, derrière tout cela se cache un drame familial, la difficulté de devenir adulte, de vivre ses propres rêves, de côtoyer la folie, le déni, le mensonge, de vivre dans le secret, l’isolement. Tout cela engendre des souffrances infernales et une peur que l’on ressent fortement. Il s’agit aussi de l’importance de tous ces petits ou grands deuils dans une vie et de l’angoisse qu’ils génèrent, monstres à apprivoiser.
J’ai beaucoup aimé ce premier roman, très fluide à lire, mise en page aérée, une narration poétique riche d’émotions féroces. A découvrir, la transformation d’Adrien et sa délivrance, pour rêveurs lycanthropes flippés ! ! 🐺👌👍
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crayon de couleuvre
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