L’ombre d’une vie de Asada Jirô

« Avec la tombée du jour surgit la neige. D’épais flocons descendant avec lourdeur, dans une chute sans fioriture. Pulvérisé au contact du pare-brise et sitôt disparu sous le coup de balai de l’essui-glace, un pétale lui fit l’effet d’une petite vie éphémère…. » Incipit.
Un roman Japonais acheté en librairie indépendante.
𝕃’𝕠𝕞𝕓𝕣𝕖 𝕕’𝕦𝕟𝕖 𝕧𝕚𝕖 𝕕𝕖 𝔸𝕤𝕒𝕕𝕒 𝕁𝕚𝕣ô, celle de Masakazu Takewaki, entre la vie et la mort en unité de soins intensifs à l’hôpital. Masakazu vagabonde hors de son corps moribond dans un décor neigeux, dans « cet élégant vaisseau spatial de la vieillesse », déjà libre de côtoyer les anges, son ange, de se relier à d’autres âmes et de voyager dans le temps.
Les flocons de neige, comme nos souvenirs, tantôt lourds, tantôt légers, fragiles. A apaiser, à cajoler avec tendresse et amour un soir de pleine lune.
« Le fait est que nous pouvons lâcher la bride à nos souvenirs, à présent. De la nostalgie , l’un comme l’autre en éprouvera, mais sans qu’elle s’accompagne de chagrins ou de pleurs. »
« Sleep in heavenly peace. »
Fermer les yeux, faire silence dans ce froid qu’on ne ressent plus jamais, libre de se rappeler son plus grand bonheur, libre de pardonner, de découvrir ses origines sans crainte ni jugement, libéré des obligations.
Libre de cultiver son « instinct d’amour lunaire » et de guérir l’enfant abandonné.
« Le principal handicap pour des enfants seuls au monde n’est pas l’absence d’amour. Pour nous, le problème était plutôt que tous les critères d’action et de morale qui forment le cœur et le noyau de la vie nous faisaient défaut. »
L’ombre d’une vie est un très beau roman entre rêve et réalité, un « voyage extraordinaire », mais aussi une analyse de la société Japonaise d’après-guerre à travers la « petite vie » d’un homme, pupille de la nation, époux, père et businessman. Élégance et sagesse. Je l’aurais aimé davantage épuré, plus poétique encore.
Les dernières pages aux « effluves maternels » sont tellement belles et libératrices que j’ai fondu en larmes…..