Coup de coeur

Rendez-vous dans le noir de Otsuichi

« Honma Michiru avait pour la première fois constaté ses problèmes de vue dans la salle d’attente d’un hôpital, trois ans plus tôt. Elle n’avait jamais beaucoup fréquenté les hôpitaux et n’aurait su dire si les néons éclairaient toujours aussi faiblement ou si, endommagés, ils avaient besoin d’être remplacés. » Incipit…

Un roman repéré par hasard sur le site de La librairie Le Phénix à Paris.

Coup de cœur du Crayon !

Quelle bienveillance de la part de l’auteur attaché à décrire avec une infinie délicatesse les psychologies de deux personnages solitaires faits pour se rencontrer : Celle de Michiru, jeune femme recluse atteinte de cécité, et celle d’Akihino, jeune homme réfugié chez elle, on apprendra plus tard pourquoi. Michiru ignore bien sûr la présence du jeune homme qui l’observe en toute discrétion dans son quotidien. Petit à petit, elle perçoit une « présence subtile » dans la vieille maison en bois. Les gestes sont lents, silencieux ; la parole hésite. Ne pas gâcher ces moments fragiles. C’est beau, d’une plume introspective délicieuse. J’ai glissé avec plaisir dans le royaume mélancolique de Michiru puis celui d’Akihino, en alternance. Des êtres fragiles et doux à cajoler, à photographier.
« L’obscurité était douce. Emmitouflée dedans, elle se sentait seule au monde. »
Les souvenirs affleurent, puis les frissons lovés dans les détails, comme « le contact froid de gouttelettes d’eau. », un jeu de lumière éclairant soudain la joue de Michiru, un frôlement, Michiru endormie… Le plaisir est dans le regard d’Akihino, dans les gestes doux et l’immobilisme de Michiru. C’est bien dans le silence et l’obscurité que ces êtres singuliers révèlent toute leur beauté tandis que nous découvrons leurs souffrances, leur passé. Superbe. Bien évidemment, très peu de dialogues ici autour du « kotatsu ».
J’ai aimé l’évolution de ce huis-clos ainsi que l’intrigue liée à la mort d’un homme sur le quai de la gare près de chez Michiru.
L’ensemble est très psychologique, étrange et ritualisé, leurs personnalités bien décrites, ce qui avait tout pour me plaire. Michiru et Akihino vous surprendront par leur intériorité et vous inspireront ! Et cette fin !
Ce roman questionne notre regard sur les êtres différents, handicapés, notre capacité à nous adapter dans un groupe, à l’école, au travail, notre idée folle de nous couper du monde.
J’ai aimé ces deux personnages jusqu’aux larmes.

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