La belle est la bête de Floriane Joseph

 » L’atmosphère était celle d’une féerie cauchemardesque… »

LA BELLE ET LA BÊTE de Floriane Joseph
305 pages. Merci à Squirelito pour ce beau cadeau livresque.

__Terminé ce ᴘʀᴇᴍɪᴇʀ ʀᴏᴍᴀɴ aux allures de conte moderne féministe, dont les tableaux m’ont rappelé des scènes d’opéra, souvent nocturnes dans le beau palais du sultan, à l’abri des regards, dans une chambre dédiée à l’amour, à la consolation. Prévoir une dague quand même, sait-on jamais. De beaux personnages que sont le sultan, sa fille bien aimée la princesse Leïla, malheureusement défigurée lors d’une attaque à l’acide, ses sœurs, le fou dont les répliques font mouche…entre autres.
Agréable à lire si vous appréciez la thématique de la monstruosité, de la beauté, la sororité, les héroïnes engagées dans leur guérison, dans l’expression et la réalisation de leurs désirs. Leur corps pour braver la barbarie ! La femme ici règne sur ses nuits, entre en résistance ! Pour toutes les femmes qu’on a voulu tuer d’une certaine façon, qui ont été meurtries dans leur corps, dans leur chair, et qui désirent plus que tout se sentir vivantes, aimées et libres d’aimer, quitte à transgresser les règles des Hommes. Monstrueuse, masquée, une femme mérite-t-elle d’être aimée ? Je ressens beaucoup de bienveillance de la part de l’autrice et une conscience particulière des exigences du corps et de l’esprit de la femme, plus particulièrement meurtrie ici mais pas détruite !
« C’était elle qu’elle devait reconquérir, elle nue. »
Leïla reprend le pouvoir avec la protection de son fidèle Razim, cavalier d’or veillant sur elle.
Pas de détail cru mais élégance et discrétion toujours, confidences…
Un premier roman comme un cri d’amour, de douleur de toutes ces femmes, réveillant l’enchanteresse qui sommeille en chacune de nous aux premières lueurs de la nuit. Il résonne encore ce cri ! Bravo Floriane Joseph poète !
« … et il fallait se méfier malgré tout, car toujours la peau aimée est plus haïssable. Même sur les terres tolérantes. »